"Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends."
Lorsque Victor Hugo écrit ces lignes à propos de la commémoration de la mort de sa fille, il ne cherche pas à faire un commentaire agricole sur l'aspect de la campagne au mois de septembre et ne cherche pas non plus à expliquer son point de vue sur la spiritualité après la mort : croit-il vraiment que sa fille l'attend ? Ici, il cherche à exprimer un sentiment de deuil et de tristesse. Il est donc inapproprié de se demander à partir de ce texte si Hugo croyait aux fantômes, par exemple ! Certaines questions peuvent se poser à certains textes, et d'autres non. Ce ne sont pas toujours les mots eux-mêmes qui déterminent le contenu du texte, mais c'est aussi le contexte. Le premier contexte à connaître est le genre littéraire.
Ceci est d'autant plus vrai lorsqu'on lit un texte biblique. Pourquoi ? Car nous avons la foi que la Bible est un canon, source de vérité, il faut donc la lire en respectant son contenu sans le pervertir. La Bible est aussi une collection de textes venant de plusieurs auteurs et de plusieurs lieux et époques différents. Ainsi, il ne faut pas tomber dans le risque de déformer ce qu'elle dit en ne lisant que les mots sans prendre en compte le contexte. Si en ouvrant la Bible on lit "Oui, depuis ma naissance, je suis coupable ; quand ma mère m'a conçu, j'étais déjà marqué par le péché.", on pourrait se dire : voilà donc une preuve du péché originel (la croyance que chaque humain naît dans un état de péché et donc séparé de Dieu). Mais si l'on dit cela, on sous-entend que cet extrait biblique annonce une vérité théologique (sur l’état de péché de chaque être humain). Or, cette phrase est tirée d'un Psaume (Ps 51:7). Ce psaume exprime un sentiment de culpabilité profond, accompagné d'une demande intense de pardon, tout cela dans un style poétique, propre à l'ensemble des psaumes, et présenté dans le contexte du roi David ayant péché contre Dieu par son adultère avec BathShéba. Lire ce texte en cherchant un argument théologique pour le concept de péché originel serait inapproprié car ce n’est pas le but du texte tel qu’il se présente. Ce serait imposer une lecture qui n’est pas originellement présente dans le texte. Toutes les questions ne sont pas légitimes à poser à tout texte biblique. Pour bien lire la Bible comme elle se présente à nous et sans lui imposer notre propre subjectivité, il est important de garder en tête le contexte, et donc en premier lieu le genre littéraire.
Conclusion : pour mieux interpréter un texte biblique, il est conseillé de commencer par reconnaître quel est le genre littéraire du texte (poétique, historique, narratif, parabole, apocalyptique, etc.), puis de rechercher quels sont les codes et les sous-entendus liés à ce genre littéraire à l'époque de son écriture. On peut trouver ces informations notamment dans des livres d'introduction à la Bible écrits par des théologiens. Vous pouvez également retrouver, dans les recommandations, le lien vers les documents sur les genres littéraires écrits par notre frère et enseignant Pierre-Louis sur son site.
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